
Les Toleukakay, joyau du peuple Musgum
Bonsouaaar ! Comment allez-vous ?
Vendredi dernier, nous avons parlé d’architecture… Here we go again. Cette fois-ci, nous allons en direction de l’Extrême-Nord pour une nouvelle aventure culturelle.
Nous parlerons de la Toleukakay ou « case obus », typique du peuple Musgum. Elle est présente dans les localités de la région de l’Extrême-Nord Cameroun ainsi qu’au Tchad où vivent les Musgum. La précision, l’authenticité, la tradition… les teuleuk font inconstablement partie des richesses architecturales et culturelles du Cameroun. En avant ! ✨
Sommaire :
- L’origine des cases Musgum
- L’architecture traditionnelle
- La transmission du savoir-faire
L’origine des cases Musgum
Ces magnifiques constructions doivent leur nom à leur forme conique, striée de nombreuses cannelures qui servent à la fois d’échafaudage pendant la construction, de contreforts et de système d’évacuation des eaux. (1) Certaines ont une forme en V inversé et/ou des dessins géométriques. Il n’existe pas de fondation ou d’armature pour les soutenir. (2)
L’architecture traditionnelle
Pouvant culminer jusqu’à 20m, les cases obus suivent un plan circulaire en superposant des couches successives de boue qui constitue un mélange de terre, de paille et de colle végétale (excréments) séché, solidifiée au soleil. Cette dernière représente un véritable atout d’un point de vue économique et environnemental.
Une concession est composée de plusieurs cases, reliées entre elles par des murs d’argile avec une porte ; une case pour le chef de famille, une pour chaque épouse, une pour la cuisine et une réservée au bétail. (3) Au centre se trouve en général une grande urne qui sert de grenier à mil qui permet de faire vivre toute la famille.
Les parois se rejoignent formant ainsi une coupole où une ouverture est réservée au sommet. C’est par là que s’échappe la fuméede la cuisine et du chauffage et qu’est assurée l’aération et l’éclairage de l’habitat. Cette ouverture aussi appelée “trou de la fumée” est fermée par une dalle ou un pot pendant les pluies pour éviter la pénétration de l’eau dans la maison.
La construction d’une case nécessite près de 6 mois, les plus élevées atteignent 7 à 8 mètres, les plus basses, 3 mètres environ.
Après sa mort, le Musgum est enterré dans sa maison. On abat la coupole de son habitation afin que personne ne puisse l’utiliser.
Les teuleuk sont de plus décorées, on observe sur les parois des dessins de couleur blanche, noire ou ocre. Ces dessins se composent d’un assemblage de lignes droites ou brisées tracées en creux sur l’argile encore pâteuse. Les « mural painting » reflètent les activités des Musgum, la chasse, la pêche mais également l’élevage des poneys. (4)
La transmission du savoir-faire
Ces cases sont des reconstitutions : les cages originelles ont disparu dans les années 70. Elles constituent un élément important de l’identité Musgum. De nouvelles cases ont été construites à Pouss grâce à l’USAID, puis dans un but de préservation grâce à un chantier-école organisé en 1996-1997 par l’ONG « Patrimoine sans frontières »à Mourla selon le savoir-faire traditionnel. Les nouvelles cases sont identiques aux cases originelles. (5)
Vous trouverez une reproduction de ces cases à la Fondation Gacha au sein du village de Bangoulap dans la région de l’Ouest au Cameroun. J’ai hâte de pouvoir visiter les unes et les autres ! Qu’en est-il de vous ?
Bibliographie :
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- SEIGNOBOS Christian, IYÉBI-MANDJEK Olivier, « Atlas de la province Extrême-nord Cameroun », 2000, IRD Éditions
- NOBLE Allen G.,« Traditional buildings A Global Survey of Structural Forms and Cultural Functions », 2007, Bloomsbury Academic
- PACKARD Robert T., « Encyclopedia of Architecture, Tabler, William B. to Zoos », 1990, Wiley
- ALLÉGRET MARC, GIDE ANDRÉ, « Voyage au Congo », 1926, Éditions Gallimard
- « CASES OBUS », Patrimoine sans frontières
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