
L’architecture monumentale en pays bamileke
Bwadzʉ̌ pėpɔ́ŋ, am ga kâe?*
Parlons d’art en ce début de semaine. L’architecture Bamileke, l’une des plus belles du monde, reflète le dynamisme et l’organisation socio-culturelle de ce peuple. À travers cet article, je vous invite à découvrir ce synonyme de savoir, de culture et de pouvoir.
[« Bonsoir, comment ça va? » en ghomala’a]
Sommaire :
- Qui sont les bamilekes ?
- Comment s’organise une chefferie traditionnelle bamileke ?
- Comment est-ce que l’architecture traditionnelle permet-elle de refléter la culture de tout un peuple ?
Qui sont les Bamilekes ?
Les Bamilekes sont un groupe socioculturel d’ Afrique centrale, vivant dans la région de l’Ouest du Cameroun dans le dit « Pays bamileke », une vaste région de savane des hauts plateaux volcaniques du Grassland.
Les chefferies traditionnelles représentent des micro-états ou des états vassaux d’états pré-coloniaux, dans lesquels règnent le « fo’o » (signifie « chef supérieur »), de premier, second ou troisième degré selon leurs importances territoriales ou historiques. Les chefs établissent un lien entre les populations locales et l’administration mais conservent une autorité sur elles.
Le regretté chef supérieur Bandjoun Joseph Nkwi Ngnié Kamga et ses sujets
Comment s’organise une chefferie traditionnelle bamileke ?
Au sein du pays bamileke, les chefs traditionnels ont des pouvoirs étendus sur le plan administratif mais également économique, politique et religieux. Ils résident, avec leurs femmes et serviteurs, au sein de la chefferie dont l’architecture des bâtiments qui la compose suit des règles strictes basées sur la cosmogonie bamileke.
« Chengbundyeh » est le nom donné à ces bâtiments dont la hauteur s’élève à près de 30 mètres. Dans plusieurs langues bamileke, « Cheng » signifie « case » et Chengbundyeh « la case de la chance » ou « la case heureuse ».
Chefferie de la ville de Bandjoun, Ouest
Les bâtiments sont constitués de plusieurs parois, construites avec des tiges de raphia superposées verticalement et horizontalement et de chaume, en formant un carré.
Ces dernières sont surmontées de toitures pyramidales (appelées localement toits coniques) recouvertes de paille. Qu’ils s’agissent des murs ou des parois, celles-ci sont construites séparément à terre par des architectures spécialisées et des sculpteurs de bois. Les parois sont ensuite attachées aux pieds d’angle fabriqués en bois. Une seule ouverture rectangulaire, qui fait office de porte et de fenêtre, est créée à environ 50 cm de hauteur, elle a un encadrement de bois et est sculptée s’il s’agit de la case d’un personnage important. C’est le groupement des cases qui forme la chefferie.
Chefferie de la ville de Batoufam, Ouest
Le Chengbundyeh est le lieu de résidence du souverain mais aussi un lieu où est rendu des décisions de justice et où des rites religieux sont pratiqués. Traditionnellement, l’importance du chef peut être mesurée par la grandeur de l’édifice ainsi que les détails qui décorent les murs.
Comment est-ce que l’architecture traditionnelle permet-elle de refléter la culture de tout un peuple ?
Les chefferies bamileke sont toutes, à quelques exceptions près, conçues sur le même modèle. Une partie est visitable, on trouve généralement un musée dont la collection présente plusieurs objets représentatifs du patrimoine culturel et artistique de la ville (trônes royaux, masques et objets perlés, étoffes à motifs traditionnels).
L’art sculptural bamileke constitue un véritable vecteur d’identité culturelle et reflète l’organisation socio-économique, politique et religieuse de tout un peuple. Chargé de sens et de valeurs, il allie tradition et modernité.
Chefferie de la ville de Bafoussam, Ouest
Bibliographie :
- Décret 77/245 du 15 juillet 1997 – JOC 01/08/1977
- MALAQUAIS Dominique. (2002). Architecture, pouvoir et dissidence au Cameroun. Karthala
- PERROIS Louis, NOTUÉ J.P. (1997). Rois et sculpteurs de l’Ouest Cameroun : la panthère et la mygale. Ostrom
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