
Osende Afana, brillant économiste et militant nationaliste
Après avoir évoqué Marthe Moumie et Ernest Ouandie, nous allons aujourd’hui parler de Castor Osende Afana.
Vous ne le connaissez peut-être pas et pourtant, sonimplication et son mérite n’ont pas été moindre que ceux que ses compères à la tête de l’UPC. Il y’a précisément 55 ans, était assassiné l’un des plus illustres militants anti-colonialistes et économistes que l’Afrique ait porté, voici son histoire.
Tam dam.
Sommaire :
- Jeunesse et études
- La vie politique d’Osende Afana
- Une fin tragique
Jeunesse & études
Castor Osendé Afana dit « Osende Afana » naît en 1930 à Ngoksa, localité de la région du Centre, localisée dans la commune d’Ebebda et le département de laLékié.
Après l’obtention de son Certificat d’Études Primaires et Élémentaires (CEPE) à la mission catholique de Sa’a, il est inscrit au petit séminaire d’Ekok, puis intègre celui d’Otélé où il achève son cycle secondaire.
Il réussit la première partie du baccalauréat en tant que candidat libre et s’inscrit en 1951 au lycée Leclerc de Yaoundé pour réaliser la deuxième partie de son examen. Osende milite pour de meilleures conditions à l’internat et est mis sous surveillance par l’administration coloniale française pour ses actions menées jugées subversives, il réussit tout de même à obtenir une bourse d’études pour la France.(1)
La vie politique d’Osende Afana
Une fois arrivé en France, à Toulouse, Osende Afana poursuit ses études supérieures en économie politique et obtient un doctorat ; il est le premier docteur en sciences économiques d’Afrique subsaharienne. Sa thèse, « L`Économie de l`Ouest africain. Perspectives de développement »,est publiée en mars 1966 par les Éditions Maspero à Paris. Il est directeur du journal L’Étudiant d’Afrique noire. Les numéros du journal mettant en accusation la répression exercée par l’armée française au Cameroun sont censurées par le gouvernement ; Osende Afana fait alors l’objet d’une surveillance policière permanente. (2)
Il intègre plusieurs associations militantes etreprésente l’Association des étudiants camerounais (AEC) à la fédération des étudiants d’Afrique noire en France (Feanf) en 1954. Il en sera élu Premier Vice-Président en décembre 1956 et s’installe à Paris l’année suivante.
Il fonde le Comité de base de l’UPC à Toulouse et est chargé par Ruben Um Nyobè, d’assurer en France la publication de son écrit sous-maquis « Comment dénouer la crise kamerunaise» le 11 Juillet 1957.
En 1958, il quitte clandestinement la France pour rejoindre la direction de l’UPC en exil en Égypte. Il devient, après l’assassinat de Ruben Un Nyobe le 13 septembre, un collaborateur majeur des indépendantistes Félix Roland Moumie, Ernest Ouandie et Abel Kingue.
Nommé représentant de l’UPC au secrétariat permanent Afro-asiatique au Caire, Osende Afana met toutes ses connaissances au service de la lutte nationale. (2)
Le 30 Juin 1960, Osendé Afana est désigné par Félix Moumie pour représenter l’UPC aux fêtes de l’indépendance de la République Démocratique du Congo (ancienne Congo-Léopoldville). Félix Moumie arrive en fin août 1960 à Kinshasa (ancienne Léopoldville), le 05 Septembre, Patrice Lumumba, premier ministre, autorisa l’ouverture d’une représentation de l’UPC à Léopodville.Le 14 Septembre 1960, il quitta clandestinement le Congo après un mandat d’arrêt lancé contre lui par le Colonel Mobutu qui venait de réussir son coup d`Etat pro-impérialiste.
L’assassinat tragique de Felix Moumié, le 3 novembre 1960 à Genève de suite d’un empoisonnement au thallium entraîna la constitution d’un comité révolutionnaire de sept personnes : Ernest Ouandié, Abel Kingue, Osende Afana, Nicanor Njawe, Ndongo Diye, Michel Ndoh et Woungly Massaga. Deux des sept membres de ce comité vont choisir de retourner aux maquis : Ernest Ouandié et Osende Afana. Les deux prennent respectivement la direction du front de l’Ouest et du front de l’Est.
Une fin tragique
Le 15 mars 1966, Osende Afana est repéré, pourchassé et abattu avec son compagnon de lutte « Wamba », à Ndélélé, dans le département de Boumba-et-Ngoko, à la frontière entre le Cameroun et la République du Congo. Le lendemain, François Fosso, l’un des rescapés de cette embuscade, retrouvera leurs corps en état de putréfaction et procédera à l’enterrement de leurs restes.(3)
Ce héros est une figure méconnue de la lutte anti-colonialiste et indépendantiste africaine en général et du Cameroun en particulier. Pourtant, au même titre que Ruben Um Nyobè, Félix Moumie, Ernest Ouandie et d’autres milliers de personnes, il a payé le prix fort de ce combat.
[Quatre ans après son assassinat, la revue Tricontinental a publié un dossier intitulé « Osende Afana, martyr de la Révolution africaine » dont deux textes ont été écrit de son vivant : https://fr.calameo.com/read/000510700875234b5c6d0]
Que connaissiez-vous de lui ? De son histoire ?
Bibliographie :
- NGON Charly, Au Letch, 2/04/2019, « Osendé Afana, le premier économiste d’Afrique noire tué dans le maquis »
- TATSITA Jacob, DOMERGUE Manuel, DEITOMBE Thomas, « KAMERUN ! »,Éditions La Découverte, 2019
- NLEND HOGBE Henri, « L’histoire de la guerre d’indépendance du Cameroun : Osende Afana par Henri Hogbe Nlend », 21/04/2011
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